Depuis la fin de la dernière guerre, la diversité végétale ne cesse de décroître en Europe, à une vitesse vertigineuse. Il en est de même pour les insectes : chaque année, ce sont des centaines d’espèces qui disparaissent de nos paysages. Or comme chacun sait, il existe une interdépendance étroite entre les insectes pollinisateurs et les plantes à fleurs. Le déclin de l’un des deux membres de cette symbiose entraîne inéluctablement le déclin de l’autre.
Or les plantes à fleurs représentant entre 90 et 96% des espèces végétales, la perte de cette diversité impacte directement notre alimentation. En cas de disparition des pollinisateurs, il ne saurait y avoir de production de graines ou de fruits essentiels à notre alimentation. En pareil cas, notre source d’alimentation se limiterait aux seules plantes ou cultures non dépendantes de la pollinisation, principalement les céréales.
Les études montrent que cette disparition massive des insectes serait la conséquence des différentes politiques agricoles incitant les agriculteurs à recourir à la chimie ou de l’autorisation de vendre des produits phytosanitaires toxiques, ou dont l’innocuité n’est pas démontrée. Pour ceux qui doutent encore du rôle destructeur des produits phytosanitaires sur les populations d’insectes, l’exemple de Cuba est des plus édifiants : c’est aujourd’hui le seul pays au monde où les abeilles sont en bonne santé ! Et c’est aussi le seul pays dont l’agriculture se passe complètement de produits phytosanitaires depuis plus de 25 ans, depuis que l’effondrement de l’Union Soviétique en 1991, et l’embargo des Etats-Unis, ont coupé toute possibilité pour Cuba d’importer des pesticides.
Ne serait-il pas grand temps de tourner la page de la chimie, si nous voulons que nos enfants puissent vivre sur une planète vivante, aux aliments sains et variés ? Cette agriculture destructrice de notre environnement n’est possible que parce que les produits trouvent acquéreurs. Plus nous serons nombreux à délaisser les produits traités, plus nous permettrons à une agriculture saine de prendre son essor, pour le plus grand bonheur de tous, plantes, animaux et êtres humains.